Au cours du XVIIe siècle, la flûte à bec connaît une véritable métamorphose pour s’adapter à l’évolution du goût musical marquée par l’émergence du répertoire soliste accompagné. Alors que les flûtes du XVIe siècle offraient généralement une tessiture d’une octave et d’une sixte et étaient jouées la plupart du temps en consort (ensemble de plusieurs tailles d’un même instrument) pour servir le répertoire polyphonique, des instruments aux caractéristiques nouvelles apparaissent en plusieurs endroits d’Europe dans les premières décennies du XVIIe siècle qui tendent à s’adapter à une demande forte; disposer d’une flûte pouvant jouer sur deux octaves avec agilité et éloquence.
La majorité des quelques flûtes conservées de cette époque sont de petite taille (<30 cm) et faites d’ivoire. Elles présentent une perce à la conicité légèrement plus prononcée que celle de leurs ancêtres et un profil extérieur très évasé en bout, parfois ornementé de moulures et d’adjonctions de métal ou d’ivoire.
C’est surtout dans la peinture flamande et hollandaise qu’on en trouve le plus de témoignages; dans les scènes de vanités (natures mortes) ou des portraits comme celui ci-contre peint par Judith Leyster (1609-1660).
Je propose une flûte soprano copie d’un instrument conservé à Århus (Danemark) et probablement datée des années 1640. L’originale, en ivoire, est une petite flûte dont la fondamentale sonne une tierce mineure au dessus d’une soprano en do (mib). Cette tonalité la rendant peu adaptée au répertoire, j’en ai fait une copie en do qui se prête parfaitement aux airs de Van Eyck, ou encore aux ‘tunes’ publiées par Playford. J’utilise pour ces deux modèles au choix; l’érable, le merisier, le houx et dans une moindre mesure le buis.